Il y a quelques années, voire mois, quand j’étais confrontée (ce mot est bien approprié car, oui, j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une confrontation) à des situations où il y avait des aliments que je n’avais pas pour habitude de consommer dans mon quotidien (parce que je me les interdisais), devinez ce qu’il se passait : je « craquais » et mangeais tout ce que je pouvais, je « m’empiffrais » quoi.
Je craquais ?
Rien que ce terme est intéressant.
Pourquoi dit-on que l’on craque ?
Si on se donne la permission inconditionnelle de manger, le « craquage » ne devrait pas exister.
Aujourd’hui je n’ai plus de raison de « craquer » et je ne « craque » plus sur l’alimentation parce que je m’autorise de TOUT manger, et cela, au QUOTIDIEN. Cela ne veut pas dire que je mange de tout au quotidien, mais que je m’en donne la possibilité. Et en s’en donnant la possibilité, étonnamment, les envies de « craquer » ne sont plus présentes. La nourriture a perdu son pouvoir. Je ne vois plus un gâteau au beurre et au sucre comme le Graal que je ne « pourrais » que manger de façon très occasionnelle de par le fait que je me les interdis au quotidien. A contrario, je sais que je peux en manger quand j’en ai envie. Cette part de gâteau perd de son exceptionnalité (quand bien même elle serait excellente !).
Petite histoire : un jour, avant d’aller me balader avec ma meilleure amie, j’avais acheté des cinnamon rolls dans un coffee shop que j’adore pour qu’on prenne un goûter. Ce que j’ignorais, c’est que mon amie avait ramené du brownie qu’elle avait fait. On aime faire des surprises… À une période, plusieurs choses m’auraient angoissé. Une des sources d’angoisse aurait notamment été de ne pas savoir qu’elle avait aussi ramené à manger ; mais s’agissant de ce dont je parle ici, je pense au fait que j’aurais tout mangé sans me poser de questions, ou alors, sans me poser les « bonnes » questions. J’entends par là que j’aurais mangé tout le cinnamon roll et brownie sans me demander si j’avais encore faim et/ ou envie des gâteaux.
Ce jour-là, j’ai donc mangé la part de brownie et environ 3/4 du cinnamon roll, il devait rester deux bouchées, vraiment pas grand-chose, mais à une période j’aurais été incapable de les laisser. Manger ces deux bouchées plus tard, seule, m’aurait angoissé. Je préférais tout finir d’un coup, terminé, expédié, on en parle plus… Manger seule ce que je mangeais dans des contextes sociaux m’était très compliqué. Et pourtant, au fond, qu’est-ce que ça change ?
En se donnant la permission inconditionnelle de manger et en apprenant à se faire confiance, on apprend que « craquer » ne fait souvent pas de sens. Mais à partir du moment où notre schéma de pensée est restrictif et que notre alimentation l’est aussi, d’une façon ou d’une autre, là oui, c’est un duo gagnant pour « craquer ».
